En Grèce, la sécheresse fait réapparaître un village sacrifié à la fin des années 70
L’été 2024, particulièrement sec en méditerranée, a fait resurgir des habitations disparues sur une île grecque et menace les réserves d’eau du lac artificiel qui alimente la région d’Athènes. Une église, une école et des maisons sorties des eaux. Les riverains du lac de Mornos, sur l’île de Kallio en Grèce, ont pu observer qu’un village sacrifié et englouti sous les eaux à la fin des années 70 avait refait surface. Située à 200 kilomètres à l’ouest d’Athènes, l’étendue d’eau faisait depuis office de barrage.
A l’origine du phénomène, d’importants épisodes de sécheresse dans le pays qui ont considérablement réduit le niveau du lac de Mornos au fil du temps. Une diminution de l’ordre de 30 % par rapport à 2023, soit 40 mètres de hauteur, selon les données d’Eydap, la compagnie de distribution de l’eau d’Athènes et de sa région. L’hiver particulièrement doux et le manque de précipitations ont eu raison de ce lac artificiel crucial pour les 3,7 millions d’habitants résidant dans la région d’Athènes, soit un tiers de la population grecque. En 1990 le village avait émergé une première fois, suite à un important épisode de sécheresse.
Dans la région du lac Mornos aucune restriction d’eau n’a été annoncée face au risque de pénurie. Mais la modération est de rigueur, rappelle l’Eydap : «fermez le robinet lorsque vous vous brossez les dents». Une gestion rationnelle de l’eau généralisée à toute la Grèce.
Préserver les ressources en eau est un enjeu de taille également lors des épisodes de fortes pluies. Le réchauffement climatique fait augmenter de 7 % l’humidité dans l’air, et avec, le risque de pluies diluviennes. Mais les sols, asséchés par les chaleurs intenses, ne parviennent pas à retenir l’eau. Le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a tiré la sonnette d’alarme lors d’une visite dans la région de Thessalie, touchée par des inondations en 2023 : «nous ne pouvons pas nous permettre de gaspiller l’eau comme nous l’avons fait jusqu’à présent».
Ces catastrophes naturelles provoquées par le réchauffement climatique s’accentuent avec le temps. En juin et juillet derniers, la Grèce a battu les records de chaleur, selon des données météo préliminaires de l’observatoire national grec. Le pic de chaleur a dépassé les 40 °C le 18 juillet, soit 6 °C de plus par rapport à la normale de saison. Eté des records, le 11 août dernier, le pire incendie de l’année s’est déclenché, 10 000 hectares ont été ravagés par les flammes dans la région d’Athènes. Déjà critiqué il y a un an pour la mauvaise gestion des catastrophes, notamment par le manque de mesures préventives, le gouvernement grec s’était engagé à mener une «guerre» contre les changements climatiques. Le Premier ministre avait annoncé doubler le budget accordé aux catastrophes naturelles soit 600 millions d’euros. En 2024, les reproches sont toujours aussi vifs. L’ONG Greenpeace Grèce a exhorté le 13 août dernier sur le réseau social X de «cesser d’utiliser la crise climatique comme excuse» et à mieux anticiper et combattre ses effets. L’organisation reproche notamment de ne pas investir suffisamment dans «des solutions énergétiques durables et propres ainsi que dans la planification et la mise en œuvre de projets d’adaptation à la crise climatique».
Cette année aucune campagne de défrichage des forêts n’a été lancée, exemple d’un manque criant de mesures préventives. La végétation s’est asséchée devenant hautement inflammable. Des hélicoptères, des camions citernes, des véhicules anti-incendie et 300 pompiers ont été envoyés en Grèce par la France, la République tchèque, la Roumanie, la Serbie, la Turquie et l’Italie, pour venir en aide à un pays dépassé par les incendies.
En Grèce, la sécheresse fait réapparaître un village sacrifié à la fin des années 70
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