Les tomates en hiver, l’ananas à la cantine et le poulet dans les nuggets obligent à des importations massives d’aliments perçus comme banals et quotidiens, alors que leur consommation devrait être ponctuelle et rare. Et si l’attente et l’exceptionnel retrouvaient leur attrait ?
En 2023, la France a moins exporté de fruits, de légumes, de produits d’abattage et de viande que l’année précédente. Le pays reste certes une «grande nation agricole» comme le déclarait Emmanuel Macron après son arrivée mouvementée au Salon de l’agriculture, mais le hic, c’est que beaucoup d’autres nations, proches de nous, le sont aussi. Un article du Monde renverse la perspective sur ces déséquilibres entre l’import et l’export des aliments et montre comment nos assiettes – de la maison à la restauration collective en passant par le snack – reflètent directement le cours des marchés européens. Par exemple, le saumon – poisson le plus consommé en France – est devenu en quelques années, sous sa forme fumée, un produit de consommation courante. Finis les toasts et le gravlax réservés aux fêtes de fin d’année ; on trouve du saumon fumé norvégien dans n’importe quel snack ou boulangerie, où on le gobera sans merci, effiloché dans un panini ou sur une pizza.
Les notions de saisonnalité et de locavorisme ne sont pas non plus éclatantes dans les données agricoles de l’Agreste, le service de la statistique et de la prospective du ministère de l’Agriculture, reprises par le Monde. Les fruits les plus courants qui poussent dans nos vergers perdent de l’attrait