A Marseille, le restaurateur en manque d’amour et l’acteur pas encore célèbre
Au restaurant se joue et rejoue une comédie où clients, cuisiniers et personnels ont des rôles parfois surprenants. Dans ce quatrième épisode, le patron d’une table marseillaise raconte comment une envie de décompresser autour de quelques verres s’est transformée en longue amitié.C’est l’une des tables italiennes préférées des Marseillais : La Cantinetta, connue pour ses pâtes, sa cour arborée et son énorme tranche de panettone façon pain perdu. Ce samedi soir là, c’était il y a environ neuf ans, le patron, Pierre-Antoine Denis, n’a pas le moral. Il veut décompresser, «trouver un partenaire de fête» et faire «péter les bouteilles». La salle accueille plus d’une centaine de clients et parmi eux se trouve un trentenaire dînant seul. «Un mec châtain qui avait une gueule lambda mais sympa. C’est rare et courageux les gens qui bouffent seuls au restaurant, surtout à l’époque, et c’est souvent intéressant», se rappelle le chef.
Ce dernier va voir le convive en question, jeune comédien qui vient célébrer la fin d’un tournage dans cet établissement où il est déjà venu. «T’attends personne ?» «Non.» «Tu aimes la musique ?» «J’adore.» «OK, tu termines de bouffer et on se cale au comptoir, on se boit des shots et on écoute de la musique ?» «Ah mais grave !» Une fois la salle vide, voilà les deux inconnus qui se racontent leur parcours, leur vie privée et refont le monde pendant que les enceintes crachent du jazz-funk, passion de Pierre-Antoine Denis, dont A Brazilian Love Affair de l’Américain George Duke. Son compagnon d’un soir lui fait écouter d’autres sons, la nuit s’anime. Vers 1 h 30 du matin, des musiciens passent devant la porte, attirés par le rythme.